​Prison de Bordeaux

Adresse principale
800, boulevard Gouin Ouest, Montréal

Autres noms
Centre de détention de Montréal
Prison de Bordeaux

Usage actuel (patrimonial)
Centre de détention (idem)

Années de construction / agrandissements
1907-1912 / 1930, 1968, 1990

Années de restauration majeure
2002-2009

Description

Construit entre 1907 et 1912, le Centre de détention de Montréal, appelé la Prison de Bordeaux dans l'imaginaire collectif, est l'un des plus célèbres centres de détention du Québec.

La nouvelle prison de Montréal est dessinée par l'architecte montréalais Beaux-arts, Jean-Omer Marchand, afin de déménager la prison du Pied-du-Courant, alors qualifiée de désuète et d'insalubre. Le nouveau projet est étudié par le gouverneur Charles A. Vallée qui parcourt l'Europe afin de visiter les prisons françaises et belges et ainsi déterminer la meilleure organisation possible.

La prison est issue d'un mélange des deux typologies de pénitenciers de l'époque. La première, de type « Pennsylvanien », organise de manière stricte la prison autour d'une géométrie radiale, en l'occurrence, une rotonde centrale qui répartit les détenus dans les ailes afin qu'ils soient dans l'isolement le plus complet, jour et nuit pour les inciter au repenti et à la méditation. La seconde typologie, « Auburn », beaucoup plus stricte dans son application, utilise les ateliers de travail et la discipline pour réformer les détenus. Elle a été la norme canadienne en matière d'emprisonnement jusqu'en 1930. La Prison de Bordeaux s'inscrit entre ces deux mouvements, utilisant la forme étoilée pour la disposition des ailes et alliant les ateliers de travail à l'intérieur de l'enceinte des murs. Cette recherche organisationnelle développée au XIXe siècle témoigne de l'évolution de la pensée architecturale et de la place importante donnée à la fonction et à l'instrumentalité en rapport avec les nouvelles idéologies carcérales.

La Prison de Bordeaux est sans l'ombre d'un doute l'un des plus beaux exemples d'architecture civile de type Beaux-arts de cette époque et l'une des œuvres les plus importantes de Marchand. Déjà contestée à l'époque pour sa beauté architecturale sans précédent indigne d'être offerte à des détenus, Bordeaux est sans l'ombre d'un doute l'icône architecturale par excellence du domaine carcéral québécois. Sa disposition en étoile et ses ailes ouvertes permettent depuis la rotonde centrale d'avoir une vision périphérique sur toutes les cellules disposées sur les trois niveaux desservis par des coursives et éclairées par une grande fenêtre cintrée à l'extrémité des rangées.

Dès 1930, l'aile B est reconstruite par Marchand pour des motifs qui restent aujourd'hui inconnus. Les besoins carcéraux augmentent considérablement à partir du XXe siècle. Un nouveau bâtiment d'un étage entre les ailes E et F, accueillant la cafétéria et la cuisine, est construit en 1968 par l'architecte Jean-Charles Fortin. De plus, le bâtiment Pouvoir a été modernisé dans les dernières années alors que le bâtiment Service, existant jusqu'en 1990, a laissé place à la nouvelle aile d'hébergement G, haute de quatre étages. Plus récemment en 2001, les bâtiments d’un étage L et M sont aussi réalisés à la même période que le Centre judiciaire Gouin.

Statut patrimonial

Municipal
Immeuble de valeur patrimoniale exceptionnelle et secteur à valeur exceptionnelle du boulevard Gouin

Historique des interventions

AnnéeIntervention
2009Restauration des murs de maçonnerie des blocs F et H, phase 1
2007Réfection du mur d'enceinte extérieur côté ouest
Nouveau stationnement avec infrastructures
2006Réfection de la toiture de cuivre pavillon H
1990Construction du nouveau pavillon d'hébergement G

Valeur patrimoniale

La Prison de Bordeaux recèle une grande qualité architecturale. Plusieurs éléments contribuent à en faire un bâtiment d'exception à protéger :

  • Le caractère historique de cette institution civique, témoin particulièrement significatif de plus d'un siècle d'histoire judiciaire québécoise;
  • La dualité dans l'organisation fonctionnelle de la prison, alliant à la fois l'esprit des pénitenciers « pennsylvaniens » et ceux d'inspiration « Auburn », créant ainsi un pénitencier avant-gardiste unique au Québec pour l'époque;
  • La disposition des ailes depuis le corps central hexagonal en forme d'étoile, surmontées d'une majestueuse rotonde s'élevant à plus de 150 pieds et comprenant pas moins d'une douzaine d'ouvertures permettant à la lumière de pénétrer dans la chapelle;
  • La qualité architecturale des volumes épurés de style Beaux-arts construits avec des pierres de taille grises, des briques jaunes et du cuivre pour la toiture, ce qui en fait l'un des bâtiments emblématiques de l'œuvre de Marchand;
  • La mise en scène de l'entrée de la prison et de son enceinte placée à quelque 700 pieds du boulevard Gouin, qui est dynamisée par l'aspect paysager du site qui laisse entrevoir plusieurs percées visuelles exceptionnelles;
  • L'identité architecturale de la prison et son lien étroit avec la volumétrie perceptible depuis l'extérieur, exprimée par la fine progression volumétrique de l'enceinte extérieure.

Études et ouvrages de référence

COMMUNAUTÉ URBAINE DE MONTRÉAL. Architecture civile I : les édifices publics. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la CUM. 1981, 321 pages.

PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 4, Montréal, Éditions du Méridien, 1991, 504 pages.

SCHÈME ARCHITECTURE AMÉNAGEMENT. Étude patrimoniale : Prison de Bordeaux, 2007, 55 pages.